D'après une histoire de Arnaud Le Gouëfflec,
sur un film de Ronan BRK et Pierre-Henri Juhel
avec Pierre Sefani, Jean-Yves Lareur, Philippe Artero,
Charles Le Hir, Che, M. Bontampi.
Musique de Kevin Wright.
Habillé tout en noir, mitaines et imper en cuir pour rehausser, le Brestois Pierre-Henri Juhel narre l'histoire d'un déraciné à la Bertrand Blier, un peu chômeur, un peu poête, un peu pilier de comptoir, tombé sous le charme des histoires d'Inde d'un colonel à la moustache blanche et buveur de whisky devant l'Eternel. Dans le bistrot des "Deux Eléphants" Traînent encore René, musculeux et basique, et Gabegie, aveugle habillé en blanc, quasi mutique et tireur à l'arc d'exception. Entre eux va se tramer une odyssée urbaine, poétique et argotique, onirique et poisseuse. Le texte d'Arnaud Le Gouëffec est à la virgule près, tendu et affûté, drôle et tragique. Pierre-Henri Juhel, mi-Blier père et mi-Depardieu, le joue sans exès, en ciselant un texte, nuageux comme le ciel de Brest en novembre.
"Le truc est que l'acteur, accompagné par la splendide guitare blues de Kevin Wright, joue en plus dans un film aussi épatant que sa prestation, projeté en même temps derrière lui. Il donne la réplique à l'écran et commente sur scène les trajectoires déglinguées de ces personnages baroques. Signées Ronan Loup, les images de Brest et les plans serrés sur les gueules sont renversantes. Dans un noir et blanc léché, la ville se mélancolise comme rarement et offre une atmosphère envoûtante aux parfums d'antan, aux allures d'une "Lune dans le caniveau" oubliée. Comme une escale coloniale immobile. Comme l'un de ces ports qio ont fait la gloire de "Casablanca". Le guerrier mouktar sort donc anobli de ses guerres intérieures et exotiques. Anobli, mais presque mort.
Steven Le Roy - Le Télégramme